Il advint un jour que trois jeunes bibliothécaires, ayant terminé leur formation, s’en allèrent flâner non loin de Lyon, dans une autre grande ville de la région. Elles allaient sur les pas de l’une d’entre elles, qui avait vécu là.
La confidentialité nous oblige à taire ici le nom de cette ville réputée pour son système de transport aérien de forme ovoïde, ses produits gastronomiques à base de fruits secs, et berceau d’un écrivain romantique qui prisait fort l’Italie. Après avoir parcouru la cité en divers endroits, nos bibliothécaires ne purent s’empêcher de visiter un de ces lieux publics et culturels qui furent l’objet de toutes leurs attentions depuis le mois de novembre. Elles y entrèrent donc, malgré l’heure tardive et la fermeture proche.
Elles commencèrent par l’indispensable visite des lieux de commodité, puis elles gravirent les six escaliers conduisant dans la grande salle. Enfin arrivées, elles furent plutôt enchantées et sortirent promptement leurs appareils photographiques. Or les « gardiens du lieu » ne virent pas d’un bon œil ces tentatives de prises de vue et leur demandèrent bien cordialement de cesser sur le champ. La révélation de leur appartenance au même milieu professionnel ne leur fut d’aucun secours, s’avérant au contraire une circonstance aggravante. On leur offrit cependant en consolation les divers imprimés en distribution libre concernant l’endroit et son réseau. Tout de même déçues, nos 3 collègues se laissèrent porter vers le bas par l’ascenseur si bien orné.
Une mauvaise manipulation de l’engin les ramena malgré elles une dernière fois sur les lieux de leurs méfaits. L’aide empressée des gardiens leur fut donc fort utile pour le choix du bouton adéquat vers le bas.
Point ne leur fut permis non plus d’immortaliser sur pellicule le hall majestueux de l’endroit.
De l’assez terne extérieur il leur fallut donc se contenter.
Nous avons sans doute, puisque de nous il s’agit bien, expérimenté la devise biblique selon laquelle : « Nul(le) n’est prophète en son pays » !
Qu’il nous soit maintenant permis de vous délivrer ces quelques recettes :
« Comment se faire expulser d’une bibliothèque en moins de cinq minutes ? »
- Venir cinq minutes avant la fermeture ;
- S’écrier dans l’entrée : « Ah, voilà, encore un grand hall tout vide, tout ce qu’il faut éviter si on veut que ce soit convivial ! » ;
- Visiter avant tout les toilettes ;
- Courir vers les fenêtres de la salle de lecture pour admirer le paysage ;
- Mitrailler la salle de lecture et les quelques lecteurs ;
- Répondre au bibliothécaire qui nous rappelle que les photos sont interdites : « Mais c’est pour des raisons professionnelles ! ». Pour lui, c’est encore pire, ça sent le « benchmarking » à plein nez ;
- Ne pas trouver le bon bouton dans l’ascenseur, revenir au niveau de la salle de lecture, se voir réexpliquer fermement le chemin vers la sortie ;
- Une fois dehors, se retourner d’un air vindicatif : « Et en plus, elle est moche, cette bibliothèque ! ».
dimanche 16 août 2009
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