lundi 9 novembre 2009

Clore un PPP

C’est dimanche matin, j’attends les corrections de mon tuteur, mais le serveur de l’Enssib semble avoir des problèmes. Je brave mes sentiments d’impuissance et de culpabilité et passe l’après-midi en ballade. Je reçois les corrections de mon mémoire professionnel en soirée en ouvrant l’ordinateur, soit trois pages compactes de remarques. J’y travaille jusqu’à minuit. Levé à cinq heures et demie lundi matin. J'ai la chance ou le malheur d’être connecté à Internet à mon domicile, suis à l’ordinateur de six à huit heures et demie. Je prends la ligne neuf et suis au bureau à neuf heures, m’abstrais de tout travail interne en cours et travaille sur les corrections jusqu’à quinze. Les établissements des tables des matières et autres index prennent plus de temps que le travail sur le fonds du sujet. Le nombre de caractères permis est allègrement dépassé, même en sabrant des paragraphes entiers. Je lance l’impression du mémoire sur la photocopieuse du quatrième étage, la seule en réseau qui sache faire des photocopies recto verso. Cela promet d’être long, il y a deux cents pages et cinq exemplaires à tirer. Une erreur se produit à partir d’un certain feuillet ; l’impression recto verso se fait alors tête bêche, ce qui est absurde et illisible. Espérant que cette erreur est due au fichier texte, je décide de recourir à un fichier "pdf". Mais le convertisseur sur le poste informatique refuse la conversion, refus sans doute du au poids important du document textuel d’origine. Je dois recourir à un convertisseur en ligne. J’en essaie plusieurs et parviens à récupérer un fichier "pdf" imprimable. Je relance l’impression, qui se passe bien, hormis quelques bourrages de l’imprimante, ce qui me vaut de multiples aller-retours entre mon bureau du second étage et l'imprimante du quatrième. J’entasse les paquets de copies encore chaudes, descends la perforelieuse dans mon bureau. Mais c’est que c’est un petit modèle et je suis obligé de perforer cinq feuilles par cinq feuilles. Les spirales disponibles sont grosses, prévues pour le double de pages. Je fais un essai de reliure ; c’est ridicule, les feuillets se retrouvent attachés à une énorme boule de plastique trois fois plus épaisse. Je sors et parcours la rue Richelieu, trouve une imprimerie tenue par des japonais qui peut me vendre cinq spirales. Elles s'avèrent un peu justes. Je fais un essai, mets un quart d’heure à fixer la spirale aux deux cents pages. Cela tient quand même. Je "fabrique" deux autres exemplaires non sans mal. Je remarque des fautes, des erreurs de mise en page, mais je mets les exemplaires dans des grosses enveloppes postales. Il est dix-neuf heures, les bureaux de poste étant fermés je rejoins celle du Louvre, la seule à être ouverte jusqu’à minuit. Les trois exemplaires sont engloutis par la boîte postale à vingt heures. Je rentre et me surprends à ne pas vraiment me sentir débarrassé de ce travail.

dimanche 16 août 2009

Des bibliothécaires trop éprises

Il advint un jour que trois jeunes bibliothécaires, ayant terminé leur formation, s’en allèrent flâner non loin de Lyon, dans une autre grande ville de la région. Elles allaient sur les pas de l’une d’entre elles, qui avait vécu là.
La confidentialité nous oblige à taire ici le nom de cette ville réputée pour son système de transport aérien de forme ovoïde, ses produits gastronomiques à base de fruits secs, et berceau d’un écrivain romantique qui prisait fort l’Italie. Après avoir parcouru la cité en divers endroits, nos bibliothécaires ne purent s’empêcher de visiter un de ces lieux publics et culturels qui furent l’objet de toutes leurs attentions depuis le mois de novembre. Elles y entrèrent donc, malgré l’heure tardive et la fermeture proche.
Elles commencèrent par l’indispensable visite des lieux de commodité, puis elles gravirent les six escaliers conduisant dans la grande salle. Enfin arrivées, elles furent plutôt enchantées et sortirent promptement leurs appareils photographiques. Or les « gardiens du lieu » ne virent pas d’un bon œil ces tentatives de prises de vue et leur demandèrent bien cordialement de cesser sur le champ. La révélation de leur appartenance au même milieu professionnel ne leur fut d’aucun secours, s’avérant au contraire une circonstance aggravante. On leur offrit cependant en consolation les divers imprimés en distribution libre concernant l’endroit et son réseau. Tout de même déçues, nos 3 collègues se laissèrent porter vers le bas par l’ascenseur si bien orné.
Une mauvaise manipulation de l’engin les ramena malgré elles une dernière fois sur les lieux de leurs méfaits. L’aide empressée des gardiens leur fut donc fort utile pour le choix du bouton adéquat vers le bas.
Point ne leur fut permis non plus d’immortaliser sur pellicule le hall majestueux de l’endroit.
De l’assez terne extérieur il leur fallut donc se contenter.

Nous avons sans doute, puisque de nous il s’agit bien, expérimenté la devise biblique selon laquelle : « Nul(le) n’est prophète en son pays » !

Qu’il nous soit maintenant permis de vous délivrer ces quelques recettes :

« Comment se faire expulser d’une bibliothèque en moins de cinq minutes ? »

- Venir cinq minutes avant la fermeture ;
- S’écrier dans l’entrée : « Ah, voilà, encore un grand hall tout vide, tout ce qu’il faut éviter si on veut que ce soit convivial ! » ;
- Visiter avant tout les toilettes ;
- Courir vers les fenêtres de la salle de lecture pour admirer le paysage ;
- Mitrailler la salle de lecture et les quelques lecteurs ;
- Répondre au bibliothécaire qui nous rappelle que les photos sont interdites : « Mais c’est pour des raisons professionnelles ! ». Pour lui, c’est encore pire, ça sent le « benchmarking » à plein nez ;
- Ne pas trouver le bon bouton dans l’ascenseur, revenir au niveau de la salle de lecture, se voir réexpliquer fermement le chemin vers la sortie ;
- Une fois dehors, se retourner d’un air vindicatif : « Et en plus, elle est moche, cette bibliothèque ! ».

mercredi 15 juillet 2009

Comment survivre à une avalanche de livres pendant un récolement ?

En bon bibliothécaire que vous êtes, vous vous devrez d'être réactif. Vous n'aurez que quelques secondes pour comprendre que tous les 800 de la classe Dewey que vous bipez vous tombent dessus. Ne pensez qu'à ce qui est en train de se passer : ne commencez pas à imaginer le travail que vous aurez à tout remettre en place, vous perdriez un temps précieux.


1. Au moment où vous sentez l'étagère basculer, tournez-lui le dos. En aucun cas, vous ne devez vous tourner face à elle et chercher à la retenir de vos bras. Des centaines de mètres linéaires s'abattant, vous ne gagneriez qu'à vous tuer. Ou, du moins, à ressembler à la Vénus de Milo. Sans la tête. Non, vous ne voulez pas de ça.
2. Abaissez votre centre de gravité, mettez-vous en position dite "chien de faïence" (en boule, quoi). Ne faites pas reposer votre corps sur vos mains, le poids des livres vous briserait les poignets. Repliez donc vos coudes et rentrez la tête comme une tortue.



3. Placez-vous parallèlement à l'étagère, cela vous évitera d'être écrasé par la structure métallique. Si vous avez de la chance, vous pourrez même vous insérer dans les 841, carrément maigrichons. Voilà qui explique pourquoi les budgets sont de plus en plus réduits en bibliothèque : les hauts politiciens pensent avant tout à vous ménager des espaces de survie en cas de catastrophes improbables. Une fois rescapé, rendez-leur hommage.
4. Prenez une grande inspiration et laissez l'étagère s'écrouler sur vous tout en expirant très lentement. Moins vous bougerez, plus vous aurez de chances de vous en sortir. Vos muscles dorsaux et deltoïdes feront office d'amortisseurs.
5. Ne cherchez pas à vous relever, vous risqueriez de faire tomber des livres ou des étagères se trouvant en équilibre précaire à proximité. Criez pour signifier à vos collègues que vous êtes là et toujours vivant si c'est la cas. Attendez les secours et prenez vos congés sur les dates du prochain récolement.

Comment éviter qu'une telle situation de produise ?
- ne chargez pas trop vos étagères. Nous savons tous que les bibliothèques manquent cruellement de place. Achetez un guide de désherbage, ça peut toujours vous servir.
- vérifiez que les rayonnages ne sont pas branlants. N'essayez pas de les caler avec votre liste de cotes validées pliée en dix. Contactez le service technique.
- déléguez, si vous le pouvez. Si, par malheur, la chose vous arrivait, envoyez-nous le récit de votre survie miraculeuse. Nous le publierons.

Pour vous entraîner à faire face à toutes sortes de situations, n'hésitez pas à consulter la bible en la matière : Scénario catastrophe ! Manuel de survie: situations exrêmes (Editions 365).

lundi 29 juin 2009

Du e-book au “Hitchbook”

Mardi 23 juin, l'ENSSIB s'est invitée à l'Institut Lumière pour une première collaboration, à l'initiative de M. Yves Desrichard, conservateur, professeur à l'ENSSIB et néanmoins féru de cinéma.
Libérée des fameux “Exposés/diaporamas/sites Internet”, j'ai pu m'y rendre le coeur léger.
Parmi les spectateurs, quelques élèves et personnels de l'ENSSIB disséminés dans la salle, mais également d'autres bibliothécaires, sont venus écouter, faisant preuve, comme l'a souligné M. Desrichard, d'un certain masochisme, une intervention sur la destruction des livres et des bibliothèques, précédant la projection du film de Truffaut “Fahrenheit 451”, adaptation du livre de Bradbury (cycle Truffaut à l'Institut Lumière).
De mémoire et sans notes, voici un petit résumé.
Je passe l'introduction de présentation de l'ENSSIB par Yves Desrichard...

La première intervenante, Mme Claire Bruyère (Prof à Paris 7), nous rappelle que de tout temps on a détruit des livres et des bibliothèques (la bibliothèque d'Alexandrie ne fut pas la première). Elle cite les époques les plus destructrices (telles que l'Inquisition ou la Révolution) et ajoute qu'on en brûle encore à notre époque (cf “événements” de 2007 en France). Une intervention dans la salle évoque l'incendie en 1999 de la bibliothèque centrale Lyon 2-Lyon 3, dont l'origine est encore obscure.

Mme Bruyère tente ensuite de lister certaines raisons poussant à ces destructions. Elle évoque la peur de l'influence du contenu des livres (dans les états totalitaires notamment). Elle pousse la réflexion ainsi : brûler des livres, c'est brûler des hommes (dans le sens aussi de “condamner à mort”) : exemple de Giordano Bruno ou des “sorcières” (par ailleurs toujours des femmes...), des fatwas contre Salman Rushdie ou Taslima Nasreen. A notre époque, mettre le feu aux bibliothèques, ce peut être s'en prendre à ce qui représente l'institution. Enfin, il s'agit aussi d'une fascination, pour certains, de voir brûler, se consumer...

La destruction peut aussi prendre la forme du vol pour appropriation (cf spoliation des bibliothèques françaises durant la 2e guerre mondiale, sujet du dernier livre de Martine Poulain “Livres pillés : lectures surveillées”).

Mme Bruyère nous fait remarquer que lorsque l'on détruit des livres, c'est souvent par le feu . Il existe d'ailleurs le terme “brûlement”, qui semble s'appliquer essentiellement aux livres. D'où l'Enfer dans les bibliothèques ?

Apparition fugitive, sur le grand écran, de la page d'accueil de l'Enssib (et pour ma part, courte envie de cliquer sur "messagerie", ben oui, l'habitude...), puis M. Yves Desrichard intervient rapidement sur le thème “Truffaut, éditeur de livres”. Il entend par là le rapport de Truffaut aux livres. Nous, Fibe S, qui, grâce à l'un des groupes du fameux “exposé/diaporama/site Internet”, connaissons maintenant sous toutes les facettes les e-books, apprenons alors l'existence du “Hitchbook”, livre d'entretiens de Truffaut avec Hitchcock...

Quelques lectures conseillées par les intervenants :

Elias Canetti Auto-da-fé
Voltaire De l'horrible danger de la lecture
Enrique Vila-Matas La lecture assassine
Lucien X. Polastron Livres en feu : histoire de la destruction sans fin des bibliothèques
Fernando Baez Histoire universelle de la destruction des livres : des tablettes sumériennes à la guerre d'Irak
Martine Poulain Livres pillés, lectures surveillées : les bibliothèques françaises sous l'occupation
François Truffaut, Helen Scott Hitchcock Truffaut

vendredi 5 juin 2009

“Numériser les œuvres du domaine public, et après ? Diffusion, réutilisation, exploitation : des objectifs contradictoires ? ” PARTIE 2

Lionel Maurel, Conservateur à la BnF, entame la seconde partie de cette journée d’étude en dressant une étude comparative des mentions légales de 122 bibliothèques numériques. En préambule, il remarque qu’il n’existe pas de portail recensant les bibliothèques numériques.
34 % de ces 122 bibliothèques, soit un bon tiers, n’affichent pas de mention légale. Celles qui le font invoquent en priorité le droit d’auteur – droit que la numérisation ne donne pas.
Il y a une grande disparité des usages. Un grand nombre de mentions ferme tous les droits, 88 % d'entre elles interdisent un usage en ligne, même privé. Elles s’avèrent plus restrictives que les mentions de Google Book Search. Très peu traduisent la mention légale en métadonnées.
On peut retrouver la liste des 122 bibliothèques taggées et leurs liens ici : http://delicious.com/domaine

Une table ronde permet ensuite à cinq intervenants de présenter leur établissement culturel et le choix pris par chacun d’entre eux concernant l’exploitation de domaine public numérisé :
Sophie Sepetjan, Chef du service juridique, pour la BnF,
Jean-François Vincent, Conservateur au Service d’histoire de la médecine, pour la Bibliothèque interuniversitaire de médecine,
Stéphane Ipert pour le Centre de conservation du livre d’Arles, dont il est le Directeur,
Béatrice Abbo, Chef du service du récolement et de l’informatisation des collections au Château de Versailles,
Élisabeth Gautier-Desvaux pour les Archives départementales des Yvelines, dont elle est la Directrice.
Nous ne détaillons pas ici les 5 initiatives, toutes différentes et originales, mais rapportons quelques notes prises à propos de Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF :
Le fondement juridique de la réutilisation des données de Gallica est le droit des bases de données – le contenu de la base attestant un certain investissement financier, humain et matériel. Gallica est librement réutilisable ; la gratuité est requise pour un usage de recherche et de pédagogie, l’usage commercial est payant. Cette redevance [1] doit favoriser la réutilisation commerciale et en même temps générer un retour sur investissement. La source doit dans tous les cas être mentionnée et les conditions de réutilisation respectées. Les images en haute définition sont marquées.

Une seconde table ronde réunit Philippe Colombet, Responsable des partenariats du monde francophone de Google France, et Pierre Baudouin, Chargé des relations extérieures à Wikipédia.

Ce dernier indique que l’encyclopédie en ligne contient de 15 à 25 % de biographies, selon les langues. Une grande partie des articles en langue allemande contient des liens pointant vers la Bibliothèque nationale allemande, et 250 000 articles d’entre eux contiennent des métadonnées, contre 38 000 en langue anglaise. On ne peut que constater le retard de la France en ce domaine.
Quelques projets sont présentés :
Wikimedia Commons : médiathèque numérique libre,
Wikipedia Loves Art : Photothèque amateur d’œuvres des musées,
Bundesarchiv : archives fédérales de la République Fédérale d’Allemagne,
Deutsche Fotothek,
Wikisource : bibliothèque numérique libre mise à disposition gratuitement et sans publicité. Textes du domaine public placés sous licence GFDL (licence de documentation libre de la Free Software Foundation)

Philippe Colombet intervient ensuite à propos de Google Recherche de livres – le pendant francophone de Google Book Search [2] – créé par le constat que les internautes ne cherchent pas sur Internet uniquement des sites, mais aussi des vidéos, des sons, des livres… Les livres apparaissent au sein des résultats de recherche depuis 2007. Google Recherche de livres totalise 29 bibliothèques partenaires, dont 7 en Europe. 3 d’entre elles sont francophones – une en Belgique, une en Suisse et une en France – au sein d’accords stipulant que le choix des ouvrages à numériser doit être fait par les établissements. La numérisation et l’indexation sont aux frais de la firme. Une copie de ces données est livrée à la bibliothèque.
La Bibliothèque municipale de Lyon a passé un tel contrat. Google est en train de construire des locaux ad hoc en banlieue lyonnaise pour la numérisation de ses fonds. Le programme devrait s’étaler sur 7 ou 8 ans.
Une date butoir a été fixée afin d’éviter de numériser des ouvrages sous droits d’auteur ; les différences entre l’Europe et le continent américain sur cette question font que certains ouvrages numérisés sont accessibles aux États-Unis mais ne le sont pas en France.

Pour finir, Yves Alix, Rédacteur en chef du Bulletin des Bibliothèques de France et bientôt directeur du département de l'Information bibliographique et numérique à la BnF, livre une synthèse de la journée. Nous n’en livrons ici que quelques idées saillantes, en vrac :
Une « schizophrénie juridique » entoure le rapport des institutions envers le domaine public, oscillant entre un désir d’appropriation de celui-ci et la crainte de son érosion.
Étrangement, même si le sujet du jour était le domaine public, le droit d’auteur a plané comme un spectre sur tous les débats.
La révolution numérique est une révolution de la copie.
Une exploitation commerciale d’un patrimoine est possible, mais un service public n’est pas armé pour le faire. Il convient donc de réfléchir, en vue d’une exploitation commerciale, à des partenariats.
Il y a un besoin de clarifier la mission primordiale, la juridiction et les objectifs des établissements publics patrimoniaux, entre la préservation, la diffusion et la substitution…
Les comportements des usagers changent, le service public n’est pas en mesure de contrecarrer ces changements. Il faut favoriser l’ouverture et éviter l’exclusivité et l’appropriation, qui ne fonctionnent pas sur le Web, Internet et l’indexation ne faisant pas bon ménage avec l’appropriation des œuvres.
(brouhaha, cris, applaudissements. L’assemblée s’extirpe avec anarchie de l’amphithéâtre Fabry-Perot, qui à la recherche de toilettes, pendant que d’autres s’invectivent et se provoquent en duel)
[1] Précisons qu'une redevance est une participation aux frais, et non pas une couverture intégrale de ceux-ci.
[2] Google emploie dans le monde 20 000 personnes, dont 150 en France.

Liens :

“Numériser les œuvres du domaine public, et après ? Diffusion, réutilisation, exploitation : des objectifs contradictoires ? ” PARTIE 1

Cette journée d’étude, organisée par l’Interassociation Archives Bibliothèques Documentation, et plus spécialement par Michèle Battisti et Lionel Maurel – ci-devant DCB 15 et auteur de Bibliothèques numériques : le défi du droit d’auteur (Presses de l’Enssib, 2008) , s’est déroulée le 4 juin 2009 au CNAM. Voici quelques notes glanées lors de cette journée, en attendant dans les mois qui suivent une retranscription intégrale sur le site de l’IABD.
Ces notes n'engagent que leur auteur et en aucun cas les intervenants.

Dans une intervention inaugurale, Stéphanie Choisy, Docteur en droit, remarque la démarche de réappropriation des œuvres du domaine public par les institutions culturelles, et se demande sur quel fondement juridique une redevance d’usage public peut-elle être exigée en fonction de l’utilisation. Dans le cas des photographies reproduisant des œuvres tombées dans le domaine public, des décisions juridiques contradictoires ont été rendues. L’autorisation demandée par la BnF pour l’utilisation, même à titre de citation, d’une donnée de Gallica, est une mention légitime selon la cour de justice du Conseil Européen, et peut se comprendre par les investissements importants de cette banque de données.
L’interlocutrice propose de qualier les œuvres du domaine public de « chose commune », car il y a une impossibilité de leur appliquer le droit d’auteur. Encore faut-il se demander sous quel régime pourrait se tenir cette « chose commune ».

Jean-Gabriel Sorbora, Professeur de droit public à l’université du Maine, intervient à propos des œuvres du domaine public hors « œuvres tombés dans le domaine public », et qui sont des biens affectés à un usage public (bâtiments, voies…), frappés d’inaliénabilité et d’imprescriptibilité, par opposition au domaine privé non affecté. Mais il est difcile d’appliquer une affectation à un livre.
Il convient de différencier le droit privé du domaine public – un appartement de fonction, par exemple – du droit public du domaine public.
Le domaine public, qui concerne toute œuvre présentant un intérêt en matière d’art, de science ou de technique, s’est vu récemment augmenté des archives et des documents anciens, rares et précieux. Encore faut-il savoir à partir de quand un ouvrage est – ou sera – rare. De plus, la numérisation – procédé de reproduction auquel est appliqué le droit intellectuel – d’une telle œuvre est-elle inaliénable et imprescriptible, même si l’objet numérisé ne change pas de statut ?
Une numérisation fait référence à trois entités inséparables :
• Le livre, comme bien corporel,
• L’œuvre immatérielle, relevant de l’esprit, régie par la propriété intellectuelle,
• Les données numérisées, y compris la base de données support de l’œuvre numérique.
Une bibliothèque n’est propriétaire que du bien corporel et des données numériques. Mais une base de données relève-t-elle du droit public ou du droit privé du domaine public ? À qui appartient-elle lorsqu’elle est créée par un prestataire externe ?
Si le statut d’une bibliothèque numérique relève du droit public, alors son usage est contraint et est soumis à redevances. Mais il reste beaucoup de questions juridiques sur le caractère immatériel de la numérisation. Néanmoins, une jurisprudence fait qu’à partir du moment où une base de données est diffusée, l’absence de mentions sur les restrictions de cette diffusion n’empêche pas sa réutilisation intégrale.

Après ces deux interventions juridiques, Bruno Ory-Lavollée, Conseiller référendaire à la Cour des Comptes et auteur du rapport en 2002 sur la “Diffusion numérique du patrimoine, dimension de la politique culturelle”, entame l’aspect politique avec la question de la diffusion et de la réutilisation des informations publiques.
Une numérisation équivaut à une possibilité de copies et de circulation de ces copies. Un simple lien vers un site distant constitue une intervention d’un tiers sur un contenu. Une réutilisation de données peut se faire
• par des particuliers pour un usage privé, une communication, une étude…,
• par des éditeurs culturels,
• par des acteurs non-culturels marchands,
• par des acteurs non-culturels non-marchands.
Un droit de réutilisation existe, mais selon conditions ; il s’agit de trouver un équilibre entre le faire, le savoir-faire et le laisser-faire.
Bruno Ory-Lavollée propose quelques orientations :
• Maximiser les licences afin d’éviter l’amateurisme au maximum (il vaut mieux un historien de l’art pour parler d’un tableau) et de consolider la place des institutions,
• Pratiquer des tarifs modiques,
• Ne pas bloquer les droits,
• Suivre et réguler…
… tout ceci entrant dans les missions du Ministère de la Culture, qui sont de diffuser et rendre accessible la culture française.

Danièle Bourlange nous présente l’Agence du patrimoine immatériel de l’État (APIE), dont elle est la Directrice générale adjointe. Créée en 2007 sur le diagnostic d’un manque de conscience de la richesse du patrimoine numérisé en France, l’APIE a pour missions de prémunir l’État contre l’utilisation abusive de ce patrimoine, de recenser des actifs immatériels, d’élaborer de nouveaux cadres de référence.
L’Ordonnance du 6 juin 2005, transposition d’une directive européenne de 2003, pose le droit de réutiliser les informations publiques, et la possibilité d’une redevance. Dans ce cadre, il convient de favoriser la réutilisation des données publiques en indiquant les cadres de réutilisation et en étant attentif aux droits de la propriété intellectuelle.

Puis Danièle Bourcier, Directrice de recherche au Centre d’études et de recherches de sciences administratives de Paris 2, présente les licences Creative Commons, créées en 2001 à l’université de Stanford, appliquées en France à partir de 2003. Ce sont des licences juridiques qui permettent aux auteurs, à partir du Web, de choisir les conditions d’utilisation de leurs œuvres, et aux utilisateurs de ne pas avoir à négocier systématiquement une autorisation. Danièle Bourcier insiste sur le fait qu’elles ne sont pas une alternative, mais un complément au Droit d’auteur, l’auteur étant au centre du dispositif. Elle remarque le manque d’information sur les droits des œuvres disponibles sur Internet et de leur réutilisation.
Les licences Creative Commons proposent six conditions optionnelles à partir de combinaisons de quatre éléments :
• Paternité (élément obligatoire)
• Pas de modifications
• Pas d’utilisations commerciales
• Partage des conditions initiales à l’identique
Elles prennent trois formes :
• Informations pour les juristes
• Informations pour les utilisateurs
• Métadonnées
Ces licences ont été traduites en français, mais pas encore intégrées dans le droit. La question de leur application en droit français n’est donc pas encore réglée.
Il y a encore peu de bases de ressources disponibles sous Creative Commons. Citons en tout de même deux : les archives de la BBC et Arteradio.
(S’ensuivent des débats sur l’opposition professionnel/amateur, sur Wikipédia, sur la possibilité ou l’impossibilité pour un auteur de pouvoir sortir du système Creative Commons… Mais nous touchons au pic de la journée, la moitié du chemin a été fait, il est temps de manger)
À suivre.

Liens :

mardi 26 mai 2009

La BnF et son Arsenal

En n d’une journée harrassante, visite intemporelle de la bibliothèque de l'Arsenal dans le quartier de la Bastille, rattachée à la Bibliothèque nationale de France depuis 1934. Notre groupe restreint permet une visite furtive, en douceur. Les parquets grincent, les portes sont hautes, les tentures lourdes. Des armoiries pétaradantes – Arsenal oblige – sont omniprésentes. Il y règne cette odeur caractéristique de choses sans âge, mélangée à celle du vieux papier et du vieux cuir. L'on nous montre un manuscrit, un très bel incunable... chose pratiquement impossible à voir de manière aussi simple sur le site François Mitterrand. La collègue qui ofcie est d’une grande gentillesse. Le directeur apparaît en n de visite, comme le Comte Dracula en son manoir. Pince-sans-rire, affable, celui-ci nous cone sa vision à court et long terme, funèbre et désabusée, mais sans doute juste, de ce genre de bibliothèque historique amenée à se transformer en décor de cinéma ou en salon d'apparat pour dirigeants d'entreprises en goguette. Il déplore le désintérêt croissant de la maison mère pour cet établissement éloigné. Les lecteurs y sont de moins en moins nombreux, vieillissants. Sur ces paroles lugubres, un orage qui se tramait éclate enn. Laissant le directeur sur le perron de son manoir, nous partons sous une pluie battante.

dimanche 3 mai 2009

En passant...

Il m'est arrivé, il y a quelques mois, de trouver des "jeunes" tournant autour du pré de mes chevaux.
Finalement, je décidais d'aller à l'avant de toute tentation et de les inviter à s'approcher. Quelle surprise devant le plaisir non dissimulé que peuvent avoir deux adolescents élevés à la console et aux mondes virtuels devant des animaux somme toute assez communs dans nos banlieues. Après deux petits tours de manège, ce sont deux gamins ravis qui sont repartis en me promettant de ne pas "exploser" ma boîte aux lettres car je suis "trop sympa" :-)
Ou comment des animaux familiers sont plus exotiques que World of warcraft.

Hum tout ça pour dire quoi? Et bien ces "jeunes" sont aussi un "public-cible" pour les bibliothèques publiques qui les redoutent mais espèrent tout de même les attirer vers la lumière chatoyante de la culture (si si). Mais s'ils n'ont pas assez de livres dans les mains, reconnaissons qu'ils n'ont peut-être pas non plus assez le nez dehors!

Alors que le temps s'éclaircit, sortons voir si la rose... enfin, nous promener, que ce soit dans un parc citadin, la campagne péri-urbaine ou les monts du Lyonnais. Même à proximité des villes, vous apercevrez facilement des serpents pas bien méchants, des lapins toujours sympa, des buses variables ou des grues cendrées, voire des sangliers (seul animal "dangereux" à mon avis) et si vous êtes chanceux des chevreuils.
Vous pourrez sentir, gouter, écouter... pour peu de frais!

Alors que mes collègues bibliothécaires ne m'en veulent pas mais... Il fait beau... Délaissez les claviers, les bureaux et nos étagères! Prenez un peu l'air!!!

jeudi 30 avril 2009

Épinglez-moi ce bibliothécaire trop discret !

Rois des petits jeux marrants ne leur brûlant pas trop de neurones à la fois (comme le précise Angélique dans un billet précédent, notre programme d'évaluations se charge bien de le faire pour nous), les FIBE-S se sont brièvement passionnés (il semble que, depuis peu, le soufflé soit retombé...nos narines ayant senti le brûlé venir d'ailleurs, nous avons redirigé nos sonars) pour la création d'avatars à partir de l'application eLouai. Voici, en gros, quelques créations directement issues de nos imaginations débridées (voici 12 fibiennes canons) :



Si toute cette agitation révèle un grand besoin, de la part des FIBE-S, de prendre un peu de vacances et de profiter du soleil, on y voit également la volonté de la part de la "new generation" de se faire voir (ne rajoutez pas un verbe là où il n'y en a pas, merci) dans un monde où les bibliothécaires errent comme des fantômes, méconnus, ignorés par tous (moi, tendance à tout dramatiser, voyons !). Mais, entre nous, comment voulez-vous que l'on nous reconnaisse si nous faisons tout pour disparaître de la surface des bibliothèques, cachés dans nos petits bureaux et planqués devant notre ordinateur ? Personnellement, je trouve que, quand on se retrouve à dire un "bonjour!" retentissant et souriant à un étudiant et que celui-ci nous ignore superbement, voire cherche pendant quelques secondes d'où vient cet étrange son, c'est franchement grave.
Par conséquent, moi, future bibliothécaire qui a encore le culot de croire qu'elle va participer à la grande révolution des bibliothèques françaises, déclare que tout bibliothécaire aura désormais un super méga badge à son nom avec son petit avatar épinglé sur son décolleté sexy (si vous êtes sages, je vous montrerai un jour à quoi ressemble ma vision de la place du badge dans la société de l'information) ; sera la vedette une époustouflante campagne de com' mettant en avant ses brillantes qualités et expliquant en quoi il fait avancer le schmiblick bibliothéconomique ; devra danser la polka sur les tables pour annoncer - à 18h50 - la fermeture de la bib' (nan, ça c'est une blague, respirez !).
Bref, montrons-nous, n'ayons pas honte de nos chignons éclatés et de nos dents blanches sous notre air revêche, soyons fiers d'être bibliothécaires !

mercredi 15 avril 2009

Pour les heureux élus à l'admissibilité au concours de bibliothécaire d'Etat



Depuis quelques jours, une poignée de petits chanceux(euses) est tout chose. Entre excitation et stress constant. Vous avez bien raison de vous rendre malades, dans moins de trois semaines, vous allez jouer votre avenir, votre carrière, votre Vie!! Bon, ça va, j'arrête... ;-)
Comme des conseils de dernière minute ne sont jamais vains, voici ce que je pourrais en dire (tout cela est loin d'être exhaustif!) :
- dormez la nuit (nan, nan, c'est important d'avoir l'air à peu près frais et non pas frit devant les messieurs-dames du jury) ;
- allez faire un tour sur les blogs professionnels, histoire de vous tenir au courant de ce qui se passe dans ce petit monde et - parfois - de rigoler un bon coup (ça va détendre vos muscles stressés) ;
- portez le deuil de la SDBIS (pleurez un bon coup, ça va détendre vos nerfs fatigués) ;
- posez-vous tout un tas de questions stupides (si, si, stupides. Il n'y a qu'à un concours que l'on peut vous demander ça) et préparez des réponses du même acabit, genre :
" Décrivez-nous votre bibliothèque idéale ?
- Une BU avec du sable en guise de moquette, des hamacs entre les rayonnages, le dernier DVD édition collector de Harry Potter et la possibilité de siroter mon coca light tout en feuilletant un manuscrit du 14e..."
Vous voyez...
- renseignez-vous sur la LRU (faites-le avant de pleurer la SDBIS, sinon vos nerfs vont reprendre un sacré coup) ;
- lisez le Monde et entraînez-vous sur des articles intéressants. Franchement, ça fait hyper classe de le tendre à votre marchand de journaux quand le beau gosse derrière vous a pris l'Equipe et le dernier Télé 7 jours. Et puis c'est l'occasion de mettre en pratique l'une de vos bonnes résolutions, "un jour, je lirai le Monde tous les jours !". Même si ça dure trois semaines, vous serez heureux de l'avoir fait au moins une fois dans votre vie... ;-)
- prenez connaissance des nouvelles orientations du métier : en gros, plus personne n'a besoin des bibliothécaire MAIS, attention, ce n'est qu'une ruse. En fait, tout le monde CROIT ne plus avoir besoin de nous. Votre mission, futur agent : valider THE information au cœur de la multitude, former les usagers à la recherche documentaire, faire gagner des cadeaux aux lecteurs en organisant des LibQual party, faire la paix dans le monde et protéger la planète. Vous voyez, ce n'est absolument pas compliqué du tout.
- prévoyez, dans un petit tiroir de votre tête, quelques noms de spectacles vus dans l'année, de musées ou d'expos, de réalisateurs, d'architectes, de prix littéraires, ... Et juste avant l'oral - genre 10mn avant - répétez plusieurs fois vos nom et prénoms. Avec le stress, on n'est jamais trop prudent...
Et puis, alea jacta est, chers futurs collègues ! Car, le jour de l'oral, "chacun broute dans son pré" (dixit Cécile Swiatek dans le tout autre contexte de son cours sur les documents audiovisuels en BU).

mardi 7 avril 2009

Si ce n'est pas dans Wikipédia, ça n'existe pas.

Les articles "Wikipédia" apparaissent en premières lignes d'une recherche dans "Google" grâce au nombre de liens qu'ils contiennent et à leurs mises à jour fréquentes, mais non pas grâce à ce qu'ils contiennent. le système "Wiki" - "rapide" en hawaiien -, sorte de bureaucratie tribale en ligne, repose sur la sagesse de la foule : plus le nombre de contributeurs est élevé, plus la qualité de l'article augmente, et plus il est lu. Ce qui n'empêche pas les sabotages et les vandalismes, et ce fait discutable que la vérité et la conception classique de l'expertise y sont remplacées par la "notabilité" et la vériabilité.
Il y a un article intéressant sur cette encyclopédie en ligne qui embarrasse les professionnels de la documentation : "Wikipédia ou la fin de l'expertise" de Mathieu O'neil - professeur et chercheur à l'Australian National University et à l'université "Stendhal" Grenoble 3 - dans le numéro d'avril 2009 du Monde Diplomatique.

vendredi 3 avril 2009

Cette fois-ci, c'est "Bibliothécaire en colère"

Allez, je me décide à écrire mon premier post. Les autres bloggers vont peut-être le regretter... Je viens de lire le post de Bertrand Callenge sur les bibliothécaires. Et je le remercie sincèrement de prendre notre défense. Aujourd'hui, je suis particulièrement exaspérée de voir comment nous sommes traités (et mes collègues de promo comprendront de quoi je parle). Moi qui pensais que les gens exagéraient quand ils disaient que nous étions des catégories A au rabais...
Depuis que je suis à l'Enssib, je m'en rend chaque jour un peu plus compte. Et oui, vous avez raison M. Callenge quand vous dites que l'Enssib est l'ENA des conservateurs. Et si vous saviez comme la plupart nous méprisent. C'en est tellement désespérant que je ne suis vraiment plus bien sûre d'avoir envie de passer le concours...
Quant aux écarts de traitement au sein même de l'école, je n'ose même pas en parler. Il y a les CONVERSATEURS et puis... les autres. Mais mes chers amis, soyez honnêtes et admettez que nous faisons le même travail que vous. ;-)

Les gardiens

Un très bon film à télécharger heu... à venir voir au cinéma je veux dire :-)
The watchmen, réalisé par le spécialiste de la grosse production impressionnante Zack Snyder, produit par les non moins géantissimes studios Marvel, est une super super super production, impossible d'y couper.

Vous aimez le sang, les gros musclés et les jolies pépées, les comics et les héros faillibles à la Inspecteur Harry ? Alors n'hésitez pas !

Vous retrouvez la "patte" du réalisateur de 300. C'est bien tourné, entre jeux de lumières et de matières (scène de la vitre brisée par le corps du "Comédien"), et le résultat est une série de tableaux remplis de références amusantes (dont la scène du banquet qui rappelle une autre "Cène" très célèbre ) mais...

Oui il y a un mais sinon... Eh bien je ne serais pas une vraie Fibe Septique :-\

En cherchant bien, la limite de ce film (mais aussi de bien d'autres adaptations cinématographiques de BD) est de vouloir faire...de la bande dessinée. Je pense à Hulk (œuvre de Stan Lee et Jack Kirby) qui devient un géant vert pas très crédible (ben oui) à un Spider man (Stan Lee et Steve Ditko) un peu collant (et ça n'engage que moi) ou un Iron man (Stan Lee encore !) grinçant.

The watchmen est un peu particulier du fait de son statut et de celui de son auteur, Alan Moore, écrivain célèbre pour ses comics "adultes" qui ne sont pas sans liens avec un monde réel pas toujours rose bonbon. Considérée comme un roman graphique, cette œuvre doit sa qualité à cette complémentarité entre un scénario original et percutant et un dessin talentueux (merci à Dave Gibbons).
Si le cinéma est un art, son "grain" me semble différent de celui du papier, la touche ne saurait donc être la même. Comme nous ne pouvons considérer que filmer La Joconde (pour prendre un tableau que personne ne connaît) c'est approcher le talent de Léonard de Vinci, le réalisateur échoue ici à restituer "l'aura" de l'œuvre d'Alan Moore, échec qu'aurait pu prévoir Walter Benjamin, il y a quelques temps déjà.

Néanmoins :-) il reste un bon film un peu long, très beau du point de vue graphique et qui évoque bien une des questions centrales de l'œuvre :

Who watches the watchmen ?

Une question intemporelle et universelle sur les pouvoirs et contre-pouvoirs que l'on peut méditer alors que tout le monde se regarde à travers Internet sans savoir qui contrôle the "Google Eye" ou quelles limites sont imposées à ceux qui maîtrisent le réseau et nos identités numériques...ce dont on pourrait parler ici...mais ce sera pour une autre fois.

Pour ceux qui s'intéressent à la richesse de cette œuvre : réflexion sur le temps et le chaos, traitement ironique du thème du sauveur ou détournement de la dualité entre le bien et le mal, je ne peux que les inviter à lire le livre, sans popcorn ni voisin bruyant, mais avec le plaisir de savourer chaque image...

Cinq moutons dans le vent

Ils s'appellent Raymond, Christelle, Domino et Eglantine. Ils n'ont pas eu à faire les classes prépa pour intégrer la prestigieuse Ens-Lsh lyonnaise. Tous les jours, qu'il pleuve ou qu'il vente, ils poireautent gentiment devant la bibliothèque de l'Ens. A l'heure de midi, ils donnent probablement des envies de méchoui à la moitié du personnel. Qui sont-ils ? Mais les moutons de la BIU et de l'Ens, pardi !
Quatre beaux moutons noirs, des mouflons revenus d'Écosse selon nos informations, gambadant et bêlant fièrement dans leur jolie petite prairie.



Or, cette semaine, mercredi 1er avril, un évènement majeur est survenu dans l'histoire des bibliothèques : la naissance du dernier non pas ouvrage de pol'doc' de M. Calenge, mais mouton, petit dernier pas encore baptisé (nous sommes dans une année en F. N'hésitez pas à écrire à la BIU et à l'Ens pour toute suggestion originale). Il est en pleine santé, rassurez-vous, les monsieurs de la sécurité sont allés s'en assurer. Babas d'admiration, nous, les bibliothécaires, l'avons regardé faire ses premières cabrioles et entendu ses petits bêlements de bébé mouton. Mis à part ça, nous n'avons pas beaucoup avancé notre travail sur les collections. M. Regimbeau, accepteriez-vous un dossier sur l'élevage des moutons en bibliothèque ?

vendredi 27 mars 2009

Le bibliothécaire IOUPI

Dans quelques années, on pourra parler de bibliothécaire IOUPI. Non, les bibliothécaires ne sauteront pas tous de joie en criant "youpi!" sur la musique de "We will survive". Les bibliothécaires correspondront juste aux règles de désherbage des collections. Et depuis Gaël Revelin et sa bonne idée d'emprunter un bibliothécaire, cela ne saurait tarder.
Le bibliothécaire IOUPI sera donc :
I : incorrect, fausse information
O : ordinaire, superficiel, médiocre
U : usé, délabré, laid
P : périmé
I : inapproprié, ne correspond pas au fond
Ne désespérez pas, le bibliothécaire IOUPI n'est que la logique évolution de nos métiers dans une société où l'électronique consultable à distance remplace nos collections papier et où la seule chose restante à emprunter est le bibliothécaire (fous de la douchette, vous pourrez toujours biper vos collègues!).
Au bout de quelques années d'emprunt, le bibliothécaire se verra, un beau jour de jardinage dans le carré de pelouse à l'entrée de la bib, arroser de désherbant formule spéciale "65/10/IOUPI", "65 ans d'âge, 10 ans sans emprunt, IOUPI".
Reste pour nous à, non pas repenser notre métier, mais la formule IOUPI. Car un jeune, vif et fringant bibliothécaire sortant de l'Enssib pourrait alors se voir attribuer non pas les "palmes" mais le certificat IOUPI : Intelligent, Ouvert, Utile, Professionel, Indispensable...


mercredi 18 mars 2009

Bibliothécaire, un métier pas si tarte que ça !

Quand on choisit d'exercer le noble et vaillant métier de bibliothécaire et qu'on a la chance inouïe et miraculeuse d'être pris au concours, on est heureux. Terriblement heureux. Et puis, peu à peu, lentement mais sûrement, viennent les réflexions des amis ou de la famille du genre "tu comptes ranger des bouquins toute ta vie ?", "tu n'en auras pas marre de vivre entre des étagères et des étudiants bruyants ?", et j'en passe des meilleures (je ne parle même pas de l'image de vieille fille binoclarde, moustachue et habillée en Damart qui colle à la peau des bibliothécaires...). Car, mais oui mesdames et messieurs, il existe aussi des bibliothécaires hommes chez nous, mais oui, certains d'entre nous sont nés dans les années 80, mais oui, quand on est bibliothécaire femme on aime aussi les gros bijoux et les décolletés plongeants, mais non, on n'a pas choisi ce métier par volonté de se suicider socialement. Et non, on ne fait pas toutes des chignons...
Quelques preuves pour étayer ma jolie démonstration de "y'en a marre d'être prise pour une intello coincée enfermée dans sa bibliothèque" :

1. Selon le très sérieux US News, bibliothécaire fait partie des 30 métiers les plus "tendances" de 2009 (chers, collègues, ne regardez pas combien les bibs américains sont payés, vous allez vous faire du mal pour rien. Répétez après moi : "je suis un missionnaire du service public", "je suis un missionnaire du...",...)
http://www.usnews.com/articles/business/best-careers/2008/12/11/best-careers-2009-librarian.html

2. En 2005, les enfants voulaient ex-aequo une Barbie bibliothécaire ou policière, dixit Vagabondages. Et quand Mattel créé la Barbie bibliothécaire, il ne fait pas dans la dentelle, c'est le cas de le dire : bas résille, cuir et bustier,... Ça donne envie d'aller bosser aux EU. Je me demande à quoi ressemblerait "un" bibliothécaire : à un chippendale ? ;-D

3. La pub n'est-elle pas le must du fashion-super-tendance-ultra-mode-je-veux-! ? Même Coca-Cola, la SNCF (j'ai galéré pour trouver un petit Français à intégrer à ma liste...) et Mercedes payent pour des pubs sur fond de bibliothèque ! Chacun a sa vision de la chose, évidemment !
Coca-Cola :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/biblioth%C3%A8que/video/x87syd_coca-cola-pub-bibliotheque_fun
Pub sexy qui rappelle le rôle primordial des bibliothèques dans les bons chiffres de la natalité française. Plus sérieusement, pour ceux qui envisageraient un complément de salaire, il y aurait beaucoup d'argent à se faire dans l'écriture d'une série sur les bibliothécaires, genre "Librarians Anatomy" ou "Desperate Librarians" ou "The Librarian against the students". A voir. Tout dépend de votre sensibilité face au métier... Mais n'oubliez pas d'intégrer des scènes hot dans les magasins et des histoires de détournements de jeunes étudiants en STAPS (pour les muscles) venus chercher une formation personnalisée au catalogue.
La SNCF :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/biblioth%C3%A8que/video/x5uy1y_pub-sncf-la-bibliotheque_travel
Entre pub pour un stylo couinant et promotion de la BNF site de Richelieu, le spot de la SNCF me fait penser à un commentaire mis en fin de questionnaire LibQual (l'obsession me guette, je sais...) : "jeune étudiant exige carrels de travail pour pouvoir se lâcher en toute liberté".
Mercedes :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/biblioth%C3%A8que/video/x1659g_une-blonde-a-la-bibliotheque_ads
J'ai un peu honte de rentrer dans le petit jeu mesquin des blagues sur les blondes :-° Surtout qu'on a ici droit à un super cliché sur les bibliothèques, "faut pas parler sous peine de se faire gronder par la terrifiante bibliothécaire au regard noir et méchant". Mais j'aime bien cette idée que, quelqu'un, un jour, confondra peut-être ma BU avec un MacDo...

Bref, tout ça pour dire que bibliothécaire est probablement l'un des plus vieux métiers du monde et qu'il est hors de question que je passe pour une vieille mémère à ses chachats. Pour commencer, je ferai bien une campagne de com' à la BU de Versailles dans le même genre que nos amis new-yorkais (version mecs et filles, parité oblige)...

samedi 7 mars 2009

LibQual, my friend

Cet article va être l'occasion de libérer la profonde frustration qui est en moi depuis quelques semaines. Etant en pleine LibQual attitude, je me dis pourquoi, hein oui, pourquoi ça serait toujours Angers qui aurait les meilleures idées de la planète Bibliothèque ? Serions-nous des coincés dans le reste de la France (pour une fois, le reste de la France comporte Paris, hé hé...) ?
Mon cerveau libqualisé à "donf", j'ai imaginé - tenez-vous bien messieurs Tacheau, Alarcon et Bourrion - ce que pourrait être ma campagne d'affichage LibQual sans préjugés, sans contraintes, avec sa belle crinière dorée virevoltant dans le vent frais du printemps...


Si je devais répondre à LibQual (enfin, je ne répondrais que si les lots à gagner sont valables, of course !), je dirais que ma BU idéale serait en plein air, que l'on aurait des chaises longues pour travailler, que des hommes beaux comme des dieux me biperaient mes ouvrages, que la machine à café habituellement à trois lieues de là serait à portée de main et qu'elle me servirait pour la modique somme de 40c un délicieux chocolat viennois saupoudré de cacao, que je trouverais des billets de 20 dans les livres et que Georges Clooney me rédigerait la bibliographie de mon PPP... On a le droit de rêver, non ?

vendredi 6 mars 2009

Il fut un temps où je ne pouvais plus lire Le Monde Diplomatique ; les éditoriaux d'Ignacio Ramonet me minaient le moral.

Néanmoins, j'attire votre attention sur l'article de Robert Darnton, directeur de la bibliothèque de l'université d'Harvard, intitulé La bibliothèque universelle, de Voltaire à Google : accès public, contrôle privé, dans le dernier numéro de ce mensuel d'information (n.660, mars 2009)

Oui, Le Monde diplomatique n'est pas un journal gratuit, on ne nous le brandit pas en prenant le métro, on est obligé d'entrer chez un marchand de journaux pour le trouver, il coûte 4 € 50, les rédacteurs y sont professionnels et on les paie pour ça. Comme les bibliothécaires.

jeudi 5 mars 2009

Supplique à Dominique Maniez

Monsieur,

cherchant des références bibliographiques d'un de vos ouvrages, je suis tombé sur un de vos articles intitulé Vista social – Internet est ainsi fait que tout y est gravé comme dans du marbre, n'est-ce pas ? Quelle n' a pas été ma stupéfaction ! Ne craignez-vous donc pas que de jeunes lecteurs innocents se méprennent à votre langue et vous imaginent sous les traits d'un dangereux prosélyte microsoftien – si j'ose le néologisme – adversaire de la liberté et de la convivialité ? bref, un bouffon qui prend grave la tête ?
De grâce, exprimez-vous simplement, adoptez un style clair et sans équivoque, mettez-vous au niveau de vos lecteurs potentiels, c'est leur faire injure que de les croire plus perspicaces qu'ils ne le sont.

Monsieur, je vous dis LOL

Le texte : http://www.windowsnews.fr/?p=40
Les conséquences : http://forum.ubuntu-fr.org/viewtopic.php?id=127191

mardi 3 mars 2009

Minou, minou !

En arrivant à l'Enssib fraîchement "fonctionnarisé", vous avez droit aux traditionnels et sympathiques "tests de niveaux". Et là, sur la page d'évaluation (en ligne, of course), le petit jeu est de deviner qui, de vos futurs amis, est une base de données ou est un catalogue.

Arrive : WorldCat.

Une base de données sur les races de chats dans le monde ? (Ne vous moquez pas, j'ai bien dû prendre 5 minutes à me demander ce que les chats venaient faire là-dedans...)

Bref, l'Enssib a rapidement fait venir l'intelligence à moi et j'ai découvert que le monde qui m'entoure est beaucoup moins drôle que ce que j'imaginais.

Mais si WorldCat parlait vraiment de chats ?

Voici ce que l'on trouverait sûrement sur Wikipédia :

"WorldCat est le super catalogue en ligne de l'OCLC (Online Cats Lovers Center), réputé le plus grand catalogue de chats OPAC du monde. Son nom est l'association de deux mots anglais, world et cat (chat du monde, chat mondain, monde de chats, as you like it). Créé en 1971, il contient les données relatives aux races félines présentes dans plus de 10 000 bibliothèques publiques et privées du monde. En 2005, il englobait 73% du National Union of CatsCat (la ligue nationale des chats d'avant 1956 exigeant l'établissement d'un catalogue de livres sur les chats digne de ce nom). WorldCat est donc un merveilleux outil pour les "chacheurs" disponible dans un grand nombre de bibliothèques et sur les réseaux informatiques des universités. Depuis août 2006, il est en accès libre via Internet sur WorlCat.org mais l'option chat version Ubib.fr n'est pas encore intégrée..."

Et en guise de TP (tout bibliothécaire qui se respecte teste ses outils), j'ai cherché Tiburce, le chat qui mit en échec la mafia (de Philippe Ragueneau) sur WorldCat et, bonheur, j'ai vu que 5 bibliothèques américaines l'avaient. Malheur : chat fait un peu loin. Bon, je vais chercher Tiburce, le chat qui piégea les terroristes, ils l'ont peut-être en France...

jeudi 26 février 2009

Ping-pong-ping-et pong-piiiing!-zut, râtée...


On connaît tous le vénérable bureau de renseignement bibliographique. Vénérable bureau où l'on attend, nous, bibliothécaires vénérables et légèrement traumatisés, la question qui tue. La question qui va nous achever. Si, si, je suis sûre que cette scène fait partie de vos grandes peurs d'adultes. Cette scène où le monstre qui surgit, c'est la question à laquelle vous ne comprenez rien. Le vide, le grand bleu qui vire au noir (ou au rouge de la honte), le néant. Vous pigez que dalle. Vous essayez alors de ne pas prendre votre regard de vache ahurie quand elle voit un TGV passer et d'une voix timide et peu assurée (mais pleine de gravité professionnelle) vous demandez au créateur du monstre, à votre Frankenstein incarné, de répéter sa question. En espérant évidemment qu'il soit un chouille plus clair. Ce serait dommage que vous passiez pour un parfait imbécile.

La partie de ping-pong ne fait alors que commencer.

Car, quand on réfléchit, Roland Dubillard n'a rien inventé dans son sketch "Le ping-pong" (Les Diablogues, 1975). Le petit malin a dû vivre la scène en direct alors qu'il n'était qu'un jeune et naïf étudiant boutonneux. Et traumatiser à vie un pauvre bibliothécaire qui n'avait pas réussi à récupérer la balle du bout de sa langue.

Que faire en cas de match de ping-pong bibliographique qui commence mal ? Surtout pas comme Jacques Gamblin et François Morel où l'un répète continuellement "ping" et l'autre "pong". Vous aboutirez à un véritable dialogue de sourds et l'étudiant repartira insatisfait du service rendu (pensez à LibQual+ qui ne saurait tarder à être réalisée dans votre BU). Ne vous avouez pas vaincu d'emblée, battez-vous, la victoire peut être belle.

Comment ça, "comment vous vous battez ?". Mais, pardi, en vous entraînant au soleil, un après-midi, à l'Enssib, entre deux cours de recherche documentaire, sur la belle table de ping-pong qui est à votre disposition ! Et peut-être que là, vous aurez une illumination sur comment faire en cas d'attaque d'un gros monstre velu...

dimanche 22 février 2009

À la poursuite du PPP (Projet Personnel de Pompage)


Il est de notoriété publique que le printemps est, pour les FIBE, la saison du PPP. Avec, à la clé, l'espoir de recevoir les palmes du meilleur pompeur dont le travail de PPP est alors reconnu d'utilité publique. En futurs pompiers de la "désinformation" et de "l'inculture" (eh oui, rien que ça!) que nous serons et sommes en train de devenir, nous pompons donc assidûment et ce, depuis vraiment pas longtemps.

À quoi sert le Projet Personnel de Pompage, me demandez-vous ? À développer une vue personnelle sur notre future façon de pomper dans la grande centrale de pompage qu'est la BU. Car la destinée de tout jeune pompiste est d'apprendre à pomper dans le bon sens du mouvement de pompage : des cerveaux bouillonnants des chercheurs vers les bases de données, des étagères croulantes de livres drôlement intéressants vers le catalogue, de nos poches pleines de trous vers la fente de la machine à café (laquelle pond alors un gobelet brûlant au liquide indistinct et franchement dégueu). Imaginez la catastrophe si nous avions le malheur de pomper dans le sens inverse. Mais cela ne se peut car, nous, bibliothécaires, sommes des pompistes nés.

Tout cela me fait dire que Descartes entouré de ces disciples, les Shadoks, aurait sans aucun doute aimé notre époque. Et il aurait aimé de son grand amour invincible les FIBE-S, auxquels il aurait dit, de son grand sourire crispé (à force d'avoir tant pompé) : "Je pompe, donc je suis".

http://www.youtube.com/watch?v=HpOJevCAoTQ

mercredi 18 février 2009

Élégies à Facebook

Pardon ?
Les bibliothécaires sur Facebook ? Non mais vous plaisantez, là, j'espère ? Même pas. (Hélas ?). En effet, ces derniers temps, la salle informatique N1.21 de l'Enssib a abrité d'étranges connexions. Des découvertes hasardeuses ("ah, vous avez l'air de bien vous amuser, va vraiment falloir que je m'y mette !"), des obsessions à satisfaire (une connexion toutes les 5 secondes, histoire de voir que ma tête y est toujours), des passages curieux ("c'est quoi ce truc exactement ?"), des "je t'aime, moi non plus" (je m'inscris et je me désinscris et je me réinscris...), des oppositions virulentes ("vade retro facebookas!!") ont fait de nous, braves petits bibliothécaires, les pantins d'une tragédie grandiose. A tel point qu'une petite rigolote a été jusqu'à créer un groupe "FIBE - L'Antre enssibien des bibliothécaires d'Etat" (comme si elle n'avait rien de mieux à faire. SVP, inscrivez-vous, j'ai besoin d'amis dans ma vie !) et que, plus sérieusement, les vénérables bibliothèques universitaires envisagent - si ce n'est déjà fait - de se tailler une part dans le grand gâteau facebookien (tiens, on enlève quelques lettres et ça fait cookie ! Bon, c'est pas tout, je m'égare). Car, à l'heure du Web 2.0, on veut se montrer, s'exprimer tel que l'on est, "au naturel", quoi.
Facebook, le rêve des bibliothécaires pour se construire une image à la cool ?

Préambule

[…] on ne se rend pas compte, encore une fois, que les forces les plus démoniaques, les forces sociales les plus diaboliques, sont les forces qui sollicitent, qui nous sollicitent de nous exprimer. C’est ça les forces dangereuses. Considérez la télé, elle ne nous dit pas : Tais-toi ! elle nous dit tout le temps : Quel est ton avis ? Quel est votre avis ? Quel est votre avis là-dessus, quel est votre avis sur l’immortalité de l’âme ? Sur le génie de Pivot, sur la popularité de Maurois, etc. […] Je dis que c’est un danger, un danger immense. Il faut arriver à résister à ces forces qui nous forcent à parler quand on n’a rien à dire. C’est fondamental.
Gilles DELEUZE, Cours du 2 novembre 1982 (disponible en ligne : http://www.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=124)