jeudi 26 février 2009

Ping-pong-ping-et pong-piiiing!-zut, râtée...


On connaît tous le vénérable bureau de renseignement bibliographique. Vénérable bureau où l'on attend, nous, bibliothécaires vénérables et légèrement traumatisés, la question qui tue. La question qui va nous achever. Si, si, je suis sûre que cette scène fait partie de vos grandes peurs d'adultes. Cette scène où le monstre qui surgit, c'est la question à laquelle vous ne comprenez rien. Le vide, le grand bleu qui vire au noir (ou au rouge de la honte), le néant. Vous pigez que dalle. Vous essayez alors de ne pas prendre votre regard de vache ahurie quand elle voit un TGV passer et d'une voix timide et peu assurée (mais pleine de gravité professionnelle) vous demandez au créateur du monstre, à votre Frankenstein incarné, de répéter sa question. En espérant évidemment qu'il soit un chouille plus clair. Ce serait dommage que vous passiez pour un parfait imbécile.

La partie de ping-pong ne fait alors que commencer.

Car, quand on réfléchit, Roland Dubillard n'a rien inventé dans son sketch "Le ping-pong" (Les Diablogues, 1975). Le petit malin a dû vivre la scène en direct alors qu'il n'était qu'un jeune et naïf étudiant boutonneux. Et traumatiser à vie un pauvre bibliothécaire qui n'avait pas réussi à récupérer la balle du bout de sa langue.

Que faire en cas de match de ping-pong bibliographique qui commence mal ? Surtout pas comme Jacques Gamblin et François Morel où l'un répète continuellement "ping" et l'autre "pong". Vous aboutirez à un véritable dialogue de sourds et l'étudiant repartira insatisfait du service rendu (pensez à LibQual+ qui ne saurait tarder à être réalisée dans votre BU). Ne vous avouez pas vaincu d'emblée, battez-vous, la victoire peut être belle.

Comment ça, "comment vous vous battez ?". Mais, pardi, en vous entraînant au soleil, un après-midi, à l'Enssib, entre deux cours de recherche documentaire, sur la belle table de ping-pong qui est à votre disposition ! Et peut-être que là, vous aurez une illumination sur comment faire en cas d'attaque d'un gros monstre velu...

dimanche 22 février 2009

À la poursuite du PPP (Projet Personnel de Pompage)


Il est de notoriété publique que le printemps est, pour les FIBE, la saison du PPP. Avec, à la clé, l'espoir de recevoir les palmes du meilleur pompeur dont le travail de PPP est alors reconnu d'utilité publique. En futurs pompiers de la "désinformation" et de "l'inculture" (eh oui, rien que ça!) que nous serons et sommes en train de devenir, nous pompons donc assidûment et ce, depuis vraiment pas longtemps.

À quoi sert le Projet Personnel de Pompage, me demandez-vous ? À développer une vue personnelle sur notre future façon de pomper dans la grande centrale de pompage qu'est la BU. Car la destinée de tout jeune pompiste est d'apprendre à pomper dans le bon sens du mouvement de pompage : des cerveaux bouillonnants des chercheurs vers les bases de données, des étagères croulantes de livres drôlement intéressants vers le catalogue, de nos poches pleines de trous vers la fente de la machine à café (laquelle pond alors un gobelet brûlant au liquide indistinct et franchement dégueu). Imaginez la catastrophe si nous avions le malheur de pomper dans le sens inverse. Mais cela ne se peut car, nous, bibliothécaires, sommes des pompistes nés.

Tout cela me fait dire que Descartes entouré de ces disciples, les Shadoks, aurait sans aucun doute aimé notre époque. Et il aurait aimé de son grand amour invincible les FIBE-S, auxquels il aurait dit, de son grand sourire crispé (à force d'avoir tant pompé) : "Je pompe, donc je suis".

http://www.youtube.com/watch?v=HpOJevCAoTQ

mercredi 18 février 2009

Élégies à Facebook

Pardon ?
Les bibliothécaires sur Facebook ? Non mais vous plaisantez, là, j'espère ? Même pas. (Hélas ?). En effet, ces derniers temps, la salle informatique N1.21 de l'Enssib a abrité d'étranges connexions. Des découvertes hasardeuses ("ah, vous avez l'air de bien vous amuser, va vraiment falloir que je m'y mette !"), des obsessions à satisfaire (une connexion toutes les 5 secondes, histoire de voir que ma tête y est toujours), des passages curieux ("c'est quoi ce truc exactement ?"), des "je t'aime, moi non plus" (je m'inscris et je me désinscris et je me réinscris...), des oppositions virulentes ("vade retro facebookas!!") ont fait de nous, braves petits bibliothécaires, les pantins d'une tragédie grandiose. A tel point qu'une petite rigolote a été jusqu'à créer un groupe "FIBE - L'Antre enssibien des bibliothécaires d'Etat" (comme si elle n'avait rien de mieux à faire. SVP, inscrivez-vous, j'ai besoin d'amis dans ma vie !) et que, plus sérieusement, les vénérables bibliothèques universitaires envisagent - si ce n'est déjà fait - de se tailler une part dans le grand gâteau facebookien (tiens, on enlève quelques lettres et ça fait cookie ! Bon, c'est pas tout, je m'égare). Car, à l'heure du Web 2.0, on veut se montrer, s'exprimer tel que l'on est, "au naturel", quoi.
Facebook, le rêve des bibliothécaires pour se construire une image à la cool ?

Préambule

[…] on ne se rend pas compte, encore une fois, que les forces les plus démoniaques, les forces sociales les plus diaboliques, sont les forces qui sollicitent, qui nous sollicitent de nous exprimer. C’est ça les forces dangereuses. Considérez la télé, elle ne nous dit pas : Tais-toi ! elle nous dit tout le temps : Quel est ton avis ? Quel est votre avis ? Quel est votre avis là-dessus, quel est votre avis sur l’immortalité de l’âme ? Sur le génie de Pivot, sur la popularité de Maurois, etc. […] Je dis que c’est un danger, un danger immense. Il faut arriver à résister à ces forces qui nous forcent à parler quand on n’a rien à dire. C’est fondamental.
Gilles DELEUZE, Cours du 2 novembre 1982 (disponible en ligne : http://www.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=124)